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je pus savoir. La foule des acteurs augmentait d’un moment à l’autre ; ils arrivaient tous du même côté ; l’un des insulaires se tournait par intervalles vers ceux qui venaient nous joindre, et il prononçait un petit discours dans lequel le mot d’ériki, c’est-à-dire, roi, frappait souvent mes oreilles. L’un des naturels dit quelque chose qui produisit parmi l’assemblée des éclats de rire d’une gaieté bien franche ; d’autres orateurs obtinrent des applaudissemens. Les insulaires me prièrent à diverses reprises de m’éloigner ; lorsqu’ils virent que je ne le voulais pas, ils délibérèrent entre eux, et ils m’exhortèrent à prendre leur costume et à découvrir mes épaules : j’y consentis, et ma présence ne sembla plus les gêner.

» Je fus plus d’une heure sans observer autre chose que ce que je viens de raconter : enfin le prince, les femmes et le roi arrivèrent comme ils étaient arrivés la veille. Le prince se plaça sous le hangar ; deux hommes, qui portaient chacun une natte, y entrèrent en récitant des paroles d’un air très grave, et ils mirent leurs nattes autour de Fettafaihé. Les cérémonies commencèrent alors : trois compagnies coururent au bord opposé de la pelouse ; elles s’y assirent durant quelques secondes, et elles retournèrent à leur place avec précipitation, de la même manière que le jour précédent : bientôt après, les deux hommes qui étaient assis au milieu de la pelouse prononcèrent un discours ou une prière de peu de durée ; la troupe en-