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étaient revenus des vaisseaux durant la matinée ; on les invita, ainsi que moi, au repas : le festin fut composé d’ignames et de deux cochons. J’éveillai Paoulaho qui dormait toujours, et je l’engageai à se mettre à table. Sur ces entrefaites, on lui apporta deux mulets et des coquillages ; ayant joint sa portion à la nôtre, il s’assit près de nous, et il mangea de bon appétit.

» Quand le dîner fut fini, on nous dit que la cérémonie de la veille recommencerait bientôt, et on nous enjoignit d’une manière expresse de ne pas nous trouver aux environs des acteurs ; mais j’avais résolu de ne plus observer la fête derrière la toile, et de m’approcher davantage. Je m’échappai en effet de la plantation, et je marchai vers le moraï, qui devait être le lieu de la scène. Les insulaires que je rencontrai m’engagèrent plusieurs fois à revenir sur mes pas ; je ne les écoutai point, et ils me laissèrent passer. En arrivant au moraï, je vis un assez grand nombre de naturels assis à l’un des bords de la pelouse de chaque côté du chemin ; quelques autres étaient également assis au bord opposé, et j’aperçus au milieu deux hommes qui avaient le visage tourné contre le cimetière : dès que j’eus atteint la première troupe, on me dit de m’asseoir, et je m’assis. Il y avait à l’endroit où je m’assis un grand nombre de petits paquets de feuilles de cocotier attachés à des bâtons arrangés en forme de civière. On m’apprit qu’ils étaient tabou ; c’est tout ce que