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constances moins favorables. Nous étions mouillés à l’entrée de la baie, assez loin de la côte ; il n’avait aucun secours à espérer de ses compatriotes ; il ne devait pas compter qu’il réussirait à prendre la fuite, si je voulais l’arrêter. Cependant, après le premier moment de crainte que lui causa une de nos questions, dont j’ai parlé plus haut, loin d’éprouver du trouble et du malaise, ayant aperçu dans la grand chambre le portrait d’un Zélandais, il demanda qu’on fît le sien, et se tint assis sans témoigner aucune impatience, jusqu’à ce que M. Webber l’eût achevé. Je dois dire que j’admirai son courage, et que je fus flatté de la confiance que je lui inspirais. Ce que j’avais répondu à ceux des naturels qui me pressaient de le tuer le tranquillisait ; je les assurai, en effet, que j’avais toujours été leur ami et que je le serais toujours, à moins qu’ils ne se conduisissent de manière à changer mes dispositions à leur égard ; que je ne pensais plus aux dix hommes assommés par eux ; que ce crime était trop ancien, et que je n’en avais pas été témoin ; mais que, s’ils formaient jamais une seconde tentative de cette espèce, ils verraient tomber sur eux tout le poids de mon ressentiment.

» Avant d’arriver à la Nouvelle-Zélande O-maï avait formé le projet d’emmener aux îles de la Société un des naturels de ce pays, il trouva bientôt une occasion de l’exécuter : un Zélandais d’environ dix-huit ans, appelé Taoueiharoua, lui proposa de l’accompagner,