Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Nous retournâmes ensuite auprès du roi, qui venait de se lever et qui était entouré d’un cercle nombreux, composé surtout de vieillards. Tandis qu’on préparait une jatte de kava, on apporta un cochon cuit au four et des ignames fumantes. Comme les insulaires, et surtout ceux qui boivent le kava, mangent peu le matin, ils nous donnèrent la plus grande partie de ces alimens ; ce qui fit beaucoup de plaisir à l’équipage de mon canot. Je fis une seconde promenade, et j’allai voir plusieurs autres chefs ; ils prenaient tous leur boisson du matin, ou bien ils l’avaient déjà prise. Quand je rejoignis le roi, je le trouvai endormi dans une petite hutte écartée : deux femmes le frappaient mollement sur les cuisses. Il s’éveilla sur les onze heures, et on lui servit du poisson et des ignames qui semblaient avoir été cuits dans du lait de coco ; il en mangea très-peu, et il se recoucha de nouveau. Je le quittai alors, et je portai au prince des étoffes, des grains de verroterie, et d’autres choses que je voulais lui donner : il y avait assez d’étoffe pour un habit complet à la mode du pays, et il s’en revêtit tout de suite. Fier de sa parure, il vint d’abord se montrer à son père, et il me conduisit ensuite chez sa mère, près de laquelle il y avait dix ou douze femmes d’un extérieur distingué. Ici le prince changea d’habit, et il me fit présent de deux pièces d’étoffe de l’île. Il était plus de midi, et je retournai dîner au palais où l’on m’avait invité. Plusieurs de nos messieurs