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groupe le plus nombreux, et, courant avec précipitation au côté opposé de la pelouse, elles s’assirent durant quelques secondes ; elles retournèrent ensuite de la même manière à leur première place. Deux hommes, qui tenaient un petit rameau vert à la main, se levèrent et s’approchèrent du prince ; ils s’assirent quelques secondes, à trois reprises différentes, à mesure qu’ils avancèrent, et ils se retirèrent dans le même ordre, penchant leurs rameaux les uns vers les autres tant qu’ils furent assis. Peu de temps après, un troisième et un quatrième insulaire répétèrent cette cérémonie.

» La grande procession que j’avais vue quitter l’autre moraï arriva alors. Si l’on juge du détour qu’elle fit par le temps qu’elle employa, il dut être considérable. Dès que les hommes qui la composaient eurent atteint la pelouse, ils s’avancèrent à droite du hangar. Après s’être prosternés sur le gazon, ils déposèrent leurs prétendus fardeaux (les perches dont j’ai déjà parlé), et se tournèrent vers le prince : ils se relevèrent, se retirèrent dans le même ordre, en joignant leurs mains, qu’ils tenaient devant eux de l’air le plus sérieux, et ils s’assirent sur les bords de la scène. Tandis que cette bande nombreuse défilait et déposait ses perches, trois hommes assis sous le hangar avec le prince prononcèrent des phrases d’un ton mélancolique. Ils gardèrent un silence profond durant quelque temps ; ensuite un homme assis au fond de la prairie commença un discours ou