Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce prince sortait ; on ne nous permit pas de le suivre, et on nous mena sur-le-champ à l’endroit qu’on nous destinait, c’est-à-dire derrière une palissade voisine de la pelouse du fiatouka où l’on avait déposé les ignames le matin. Comme nous n’étions pas les seuls exclus de la cérémonie, et qu’on nous permettait à peine de la regarder en cachette, il arriva près de nous un assez grand nombre d’insulaires. J’observai que les enclos des environs étaient d’ailleurs remplis de monde ; on avait pris tous les soins imaginables pour nous masquer la vue ; non-seulement on avait réparé les palissades dans la matinée, mais on en avait dressé presque partout de nouvelles, d’une si grande élévation, qu’un homme de la plus haute taille ne pouvait voir par-dessus. Pour remédier à cet inconvénient, nous primes la liberté de faire des trous dans la haie avec nos couteaux ; et de cette manière, nous observâmes assez bien tout ce qui se passait de l’autre côté.

» Lorsque nous nous postâmes derrière la haie, deux ou trois cents personnes étaient assises sur l’herbe, près de l’extrémité du sentier qui débouchait dans la pelouse du moraï, d’autres, en plus grand nombre, ne tardèrent pas à les venir joindre. Nous vîmes aussi arriver des hommes portant de petits bâtons et des branches ou des feuilles de cocotier. Dès qu’ils parurent, un vieillard s’assit au milieu du chemin, et, les regardant en face, il pro-