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valle, une multitude d’insulaires arrivèrent par le chemin dont je viens de parler ; chacun d’eux apportait une igname attaché au milieu d’une perche, qu’il déposa aux pieds de ceux qui psalmodiaient si tristement. Le roi et le prince arrivèrent également, et s’assirent sur la pelouse ; on nous pria de nous asseoir à leurs côtés, mais d’ôter nos chapeaux et de délier nos cheveux. Tous ceux qui apportaient des ignames étant arrivés, deux hommes relevèrent chacune des perches et la portèrent sur les épaules. Après s’être formés en compagnies de dix ou douze, ils traversèrent la pelouse d’un pas pressé ; les compagnies étaient conduites par un guerrier armé d’une massue ou d’une épée, et gardées à droite par plusieurs autres qui avaient différentes armes. Un homme, portant sur une perche un pigeon en vie, terminait la procession composée d’environ deux cent cinquante personnes.

» Je chargeai O-maï de demander au chef où l’on portait les ignames avec tant d’appareil : le chef ne se souciant pas de satisfaire notre curiosité, deux ou trois d’entre nous suivirent la procession contre son gré. Les insulaires s’arrêtèrent devant le moraï ou le fiatouka d’une maison située sur un tertre éloigné d’un quart de mille du lieu où ils s'étaient assemblés d’abord. Ils y déposèrent les ignames, dont ils formèrent deux tas ; mais j’ignore quelle était leur intention. Comme notre présence semblait les gêner, nous les quittâmes,