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le détachement du capitaine Furneaux. Kahoura, effrayé par cette question, étendit ses bras en suppliant, et baissa la tête : il avait l’air d’un homme surpris dans une embuscade, et je suis persuadé qu’il s’attendait à mourir sur l’heure. Mais il reprit sa gaieté dès le moment où je promis de ne pas attenter à sa personne. Il ne semblait pas disposé néanmoins à répondre à notre question, et il fallut lui répéter à diverses reprises que je ne me vengerais pas. Lorsqu’il eut obtenu le pardon dont il croyait avoir besoin, il nous raconta qu’un de ses compatriotes ayant voulu échanger une hache de pierre, l’Anglais à qui il l’offrit s’en empara, et refusa ensuite de la rendre ou d’en payer la valeur ; que le propriétaire de la hache se saisit de quelques morceaux de pain, comme d’un équivalent, et que la querelle s’engagea.

» Les autres détails racontés par Kahoura sur cette malheureuse affaire diffèrent peu de ceux qu’on nous avait appris auparavant. Il nous dit qu’il avait couru de très-grands dangers durant le combat ; qu’il fut couché en joue, et qu’il n’échappa au coup de fusil qu’en se cachant derrière le canot ; qu’un autre homme placé près de lui fut renversé roide mort sur la poussière ; qu’immédiatement après l’explosion, il attaqua M. Rowe, chef du détachement, qui se défendit avec son épée ; que lui, Kahoura, fut blessé au bras, mais qu’enfin la troupe, plus nombreuse, remporta une victoire complète.

» M. Burney, envoyé le lendemain à terre