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cérémonie durait depuis cette époque, et qu’elle continuerait long-temps.

» Le soir on nous servit des ignames, des cocos, et un petit cochon apprêté comme celui du matin. Fettafaihé, s’apercevant que nous désirions les voir partager sans façon notre repas, nous pria tout de suite de le charger de la distribution, et de désigner les personnes que nous voulions régaler. Dès que le souper fut fini, on apporta une grande quantité d’étoffes qui devaient nous tenir lieu de lit ; mais un usage singulier, inventé par la mollesse des chefs qui se font donner des coups légers tandis qu’ils dorment, nous incommoda beaucoup. Deux femmes s’assirent près de Fettafaihé, et exécutèrent cette opération, qu’on nomme toughé-toughé ; elles frappèrent vivement avec leurs deux poings sur son corps et sur ses jambes, comme sur un tambour, jusqu’au moment où il s’endormit ; si l’on peut employer ici le terme de macer, elles le macèrent toute la nuit, en gardant néanmoins des intervalles de repos très-courts. Quand le chef est une fois endormi, elles affaiblissent et ralentissent un peu leurs coups ; mais elles les renforcent et elles les multiplient, si elles s’aperçoivent qu’il va s’éveiller. Nous remarquâmes vers la fin de la nuit que les berceuses de Fettafaihé se relevaient, et qu’elles dormaient chacune à leur tour. Il semble que cet exercice doit troubler le sommeil ; mais on l’emploie sûrement ici comme un soporifique, et rien ne démontre