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rien n’indiquait autour de nous une tribu assez nombreuse pour avoir une supériorité de forces sur les autres tribus du pays. J’aurais manqué mon but en donnant ces animaux à une famille dénuée de la force nécessaire ; car dans un pays comme celui-ci, où la propriété est si incertaine, ils seraient bientôt devenus la proie d’une peuplade victorieuse ; on aurait séparé les mâles des femelles, ou bien on les aurait tués ; et vraisemblablement ces deux cas seraient arrivés. Les observations faites depuis notre arrivée étaient si décisives sur ce point que je n’y aurais déposé aucun de nos quadrupèdes, si Matahouah et Tomatonghinouranoc ne m’avaient demandé des chèvres et des cochons. J’en avais assez pour l’usage que j’en voulais faire ; et quoique je n’ignorasse pas que, selon toute apparence, ils tueraient ces animaux, je les leur donnai. J’ai laissé à la Nouvelle-Zélande dix ou douze cochons à différentes époques, outre ceux qu’y déposa le capitaine Furneaux ; et à moins qu’il n’arrive un concours d’événemens bien fâcheux, les navigateurs y trouveront un jour ces quadrupèdes dans l’état sauvage ou dans l’état de domesticité.

» Nous fûmes à peine mouillés près de Motouara, que trois ou quatre pirogues, remplies de naturels, arrivèrent de la côte sud-est de la baie ; nous achetâmes une quantité considérable des productions et des ouvrages du pays. Kahoura, le chef des guerriers qui massacrèrent