Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

habitans de la baie s’étaient établis autour de nous. Une foule d’entre eux se rendaient chaque jour au vaisseau ou dans notre camp. Ils venaient surtout aux tentes, lorsque les matelots fondaient la graisse des phoques. Ils semblaient aimer l’huile plus passionnément encore que les Groënlandais ; ils mettaient du prix même à l’écume qu’on ôtait de la chaudière, et à la lie déposée au fond des tonneaux. Quelques gouttes d’huile puante étaient pour eux une friandise agréable ; ils la demandaient avec une ardeur si grande, que je jugeai qu’ils n’en boivent pas souvent.

» Le 23, nous avions embarqué la quantité d’herbages et de foin que nous jugions nécessaire à notre bétail, jusqu’à notre arrivée à Taïti, et complété la provision d’eau et de bois : on abattit les tentes, et on reporta à bord tout ce qui avait été débarqué. Le lendemain nous sortîmes de l’anse. Le vent n’était pas bon, et je m’aperçus que le jusant finirait avant que nous eussions débouqué du port ; nous mouillâmes donc de nouveau un peu en dehors de l’île de Motouara, afin d’attendre une occasion plus favorable d’entrer dans le détroit.

» Tandis que nous démarrions pour remettre à la voile, Tomatonghinouranoc, Matahouah, et beaucoup d’autres Zélandais, vinrent nous dire adieu, ou plutôt chercher à obtenir de nous de nouveaux présens. Ces deux chefs me demandèrent des chèvres et des cochons. Je donnai à Matahouah deux chèvres, un mâle et