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linet avec beaucoup de force et de rapidité, et déployèrent tant d’adresse, que, quoiqu’ils fussent très-près, ils ne se touchèrent jamais. Ils ne montrèrent pas moins de dextérité en transportant leurs massues d’une main à l’autre : les deux champions, après avoir continué quelque temps ces exercices, s’agenouillèrent et prirent de nouvelles attitudes : ils jetèrent, par exemple, leurs massues en l’air, et ils les ressaisirent au moment où elles tombaient. Ils s’en allèrent aussi brusquement qu’ils étaient venus. Ils avaient la tête couverte d’une étoffe blanche qui ressemblait à un bonnet de nuit, et qui était serré sur le front par une guirlande de feuillage. Afin d’être plus au frais et moins embarrassés, ils étaient nus d’ailleurs, si l’on excepte une pagne légère qui entourait leur ceinture. Un homme qui portait une pique, et qui était vêtu comme ces deux derniers, entra sur la scène d’une manière aussi brusque ; il regarda autour de lui d’un air effaré, comme s’il eût cherché son ennemi à l’un des coins de la scène, et il prit une attitude menaçante : on eut dit qu’il voulait transpercer l’un des spectateurs ; ses genoux un peu pliés tremblaient sous lui, et il paraissait écumant de rage. Après avoir gardé cette position quelques secondes, il passa à l’autre coin du théâtre ; il s’y tint dans la même attitude le même espace de temps, et sa sortie fut aussi brusque que son entrée. Durant cet intervalle, les danseurs, qui s’étaient divisés en deux groupes, récitèrent avec lenteur des