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eut de notre part bien des méprises, et qu’Omaï fut trompé, ou, ce qui est plus vraisemblable, qu’il comprit mal ce qu’on lui avait dit sur le grand personnage à qui nous voulions nous présenter.

» Quoi qu’il en soit, nous eûmes occasion d’examiner un village agréablement situé sur les bords du goulet : tous les chefs de l’île, ou du moins la plupart, y font leur résidence ; chacun d’eux avait sa maison au milieu d’une plantation environnée de cabanes pour les domestiques. Des haies très-propres enfermaient ces plantations, qui en général n’offraient qu’une seule entrée : c’était une porte contenue en dedans par une barre de bois, en sorte que, pour pénétrer dans l’intérieur, il fallait attendre qu’on vint ouvrir. De grands chemins et de petits sentiers se trouvent dans l’intervalle qui sépare une plantation de l’autre, aucune n’empiète sur l’autre. Les insulaires laissent croître du gazon sur une grande partie de ces terrains, et ils y sèment ou ils y plantent des choses plus agréables qu’utiles : mais nous vîmes dans presque toutes le kava, dont ils tirent cette boisson qu’ils aiment si passionnément. Quelques-unes des plantations offraient en abondance toutes les productions végétales de l’île ; mais j’observai que celles-ci n’étaient pas habitées par les insulaires du premier rang. Il y a près des chemins publics de grandes maisons, précédées d’une pelouse qui n’est pas enclose et dont on soigne beaucoup le gazon.