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témérité de s’asseoir, pour dîner, à une distance si considérable de leur canot, et au milieu d’une troupe de guerriers qui, le moment d’après, devaient être leurs bourreaux. Je n’ai jamais pu savoir ce qu’était devenu le canot ; les uns me dirent qu’on l’avait mis en pièces et brûlé, d’autres qu’une tribu étrangère l’avait emmené, mais qu’ils ne pouvaient indiquer en quel endroit.

» Nous demeurâmes dans cette anse jusqu’au soir, et après avoir chargé de foin, de céleri, de cochléaria, etc., le reste de nos canots, nous nous rembarquâmes. Nous avions déterminé Pédro à mettre sa pirogue à l’eau et à nous accompagner ; mais à peine eûmes-nous quitté le rivage, que le vent souffla avec beaucoup d’impétuosité du nord-ouest ; ce qui l’obligea de regagner la terre : nous continuâmes notre route, et ce fut avec beaucoup de peine que nous atteignîmes les vaisseaux. Quelques-uns des canots n’arrivèrent qu’à une heure du matin : heureusement qu’ils furent revenus à cette époque ; car nous essuyâmes bientôt une véritable tempête entremêlée d’une forte pluie ; de sorte que nos travaux se trouvèrent suspendus durant la journée du 17. L’ouragan cessa le soir, et le vent qui passa à l’est amena le beau temps.

» Nous reprîmes nos travaux le lendemain ; les naturels conduisirent leurs pirogues au large, et se mirent à pêcher. Pédro vint s’établir près de nous avec toute sa famille. Matahoua est le