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reil, même chez les nations les plus civilisées.

» J’aurais appareillé le lendemain, si le vent n’eût pas été trop de la partie du sud et très-variable. Paoulaho, à qui je donnerai désormais le titre de roi, vint à bord dès le grand matin, et m’apporta un de leurs chapeaux de plumes rouges. Nous faisions grand cas de ces chapeaux, car nous savions qu’ils seraient d’un prix extrême à Taïti ; mais nous en offrîmes inutilement une valeur considérable ; on ne voulut nous en vendre aucun, et nous en conclûmes qu’ils ne les jugeaient pas moins précieux : excepté le capitaine Clerke, O-maï et moi, personne des deux vaisseaux ne put s’en procurer un. Ces chapeaux, ou plutôt ces bonnets, sont faits de plumes rouges de la queue des pailles-en-cul, tissues avec des plumes rouges de perruche ; ils n’ont point de coiffes ; on les attache sur le front comme un diadème ; leur forme est celle d’un demi-cercle, dont le rayon a dix-huit ou vingt pouces. Le roi demeura à bord jusqu’au soir ; mais son frère, qui s’appelait aussi Fettafaihé, et quelques personnes de sa suite passèrent la nuit sur la Résolution.

» Je mis à la voile le 29, à la pointe du jour. Je voulais retourner à Anamocka par la route que j’avais déjà tenue durant cette campagne. Plusieurs pirogues à voile, dont l’une était montée par le roi, nous suivirent. Dès que le prince fut à bord de la Résolution, il demanda son frère et ses autres compatriotes qui avaient