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et qui, je crois, n’avaient aucun intérêt de nous tromper. La seconde est celle de l’un des Zélandais qui abandonnèrent leur pays pour s’embarquer avec nous, et qui par conséquent n’avaient point de motif de nous taire la vérité. Ils avouèrent tous que le massacre eut lieu au moment où l’équipage du canot était assis sur l’herbe et dînait ; et il est très-probable que les deux récits sont exacts, car ils sont parfaitement d’accord. Il est aisé de concevoir que, tandis que quelques-uns des naturels volaient le nègre chargé de la garde du canot, d’autres insulaires envahissaient de leur côté la propriété de ceux de nos gens qui se trouvaient à terre.

» Quoi qu’il en soit, les Zélandais convinrent unanimement que des vols commis par leurs compatriotes produisirent la querelle ; ils convinrent aussi que le massacre ne fut pas prémédité, et que, si l’équipage eût été moins prompt à punir le voleur, il n’y aurait point eu de sang répandu. Les ennemis les plus ardens de Kahoura, ceux qui m’excitaient avec le plus de zèle à l’assassiner, avouèrent en même temps qu’il n’avait pas intention d’élever une dispute, bien moins encore de donner la mort à personne, et qu’il ne forma ce projet qu’après avoir vu nos gens porter les premiers coups. Il paraît aussi que ces malheureux, victimes de la férocité zélandaise, furent bien loin de prévoir ce qui leur arriva ; s’ils avaient eu la moindre inquiétude, ils n’auraient pas eu la