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leux que ses courtisans, car il s’affranchit du cérémonial, et descendit sans stipuler aucune condition. Il s’efforça, ainsi que les gens de sa suite, de nous convaincre qu’il était le roi, et que Finaou ne l’était pas ; car il s’aperçut bientôt que nous en doutions. O-maï ne se souciait point d’éclaircir le fait : il avait formé une liaison intime avec Finaou (ils avaient échangé leurs noms en témoignage de leur amitié), et il était fâché qu’un autre insulaire vînt réclamer les honneurs dont son ami avait joui jusqu’alors.

» Paoulaho dîna avec nous ; mais il mangea peu et but encore moins : quand nous fûmes hors de table, il m’invita à l’accompagner à terre. On proposa à O-maï d’y venir aussi ; mais il était trop fidèlement attaché à Finaou pour montrer des égards à son rival, et il refusa. Je ramenai le chef dans mon canot, après lui avoir fait présent de choses qui me semblèrent avoir un grand prix à ses yeux ; je jugeai que ma générosité passait ses espérances. Je cherchai à mériter son affection, et je la méritai en effet ; car, dès que nous eûmes abordé à terre, il donna ordre, avant de descendre de mon canot, qu’on m’apportât deux autres cochons. Quelques-uns de ses gens vinrent le prendre sur une planche qui ressemblait à une de nos civières, et ils allèrent l’asseoir près du rivage, dans une maison qu’on lui avait préparée. Il me plaça auprès de lui ; sa suite, qui n’était pas nombreuse, s’assit, et forma un demi-