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paraissait aveugle : les yeux de l’enfant étaient très-enflammés, et couverts d’une pellicule. Elle n’avait d’autres instrumens que deux petites sondes de bois, avec lesquelles elle venait de frotter les yeux du malade de manière à les faire saigner. Je fus un peu étonné de voir que les naturels entreprenaient une opération de cette espèce ; mais j’arrivai trop tard, et je ne puis décrire en détail comment la femme oculiste employa les misérables instrumens que j’aperçus entre ses mains.

» Il m’arriva aussi d’être témoin d’une autre opération que je vais décrire avec assez d’exactitude. Je rencontrai une seconde femme qui rasait la tête d’un enfant avec une dent de requin fixée à l’extrémité d’un bâton : je remarquai qu’elle mouilla d’abord les cheveux à l’aide d’un morceau d’étoffe qu’elle plongeait dans l’eau, et qu’elle appliquait ensuite son instrument sur la partie mouillée. L’enfant sembla n’éprouver aucune douleur, et les cheveux furent aussi bien coupés que si l’on avait employé nos rasoirs. Encouragé par ce qui s’était passé devant moi, j’essayai bientôt sur ma barbe un instrument de la même espèce, et mon expérience eut du succès : toutefois les hommes ne se coupent pas ainsi la barbe ; ils se rasent avec deux coquilles. Ils placent une des coquilles au-dessous d’une des touffes de leur barbe, appliquent la seconde au-dessus, et en lèvent les poils. Ils viennent ainsi à bout de les couper très-près de la peau. L’opération est un