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ni havre ni mouillage. Je consentis donc à l’attendre ici, et il mit tout de suite à la voile.

» Le 24, plusieurs des naturels répandirent le bruit qu’un vaisseau pareil aux nôtres était arrivé à Anamocka depuis que j’avais quitté cette île, qu’il y mouillait encore. Cette nouvelle excita beaucoup notre curiosité : ils eurent soin d’ajouter que Toubaou, l’un des chefs d’Anamocka, avait repris en hâte le chemin de son pays afin de recevoir les étrangers. Toubaou venait en effet de nous quitter, et cette circonstance nous fit ajouter un peu de foi à la nouvelle. Je descendis à terre avec O-maï pour obtenir des informations ultérieures ; je voulais parler à un homme qui arrivait, disait-on, d’Anamocka, et qui y avait vu le vaisseau. Nous le trouvâmes chez Iraoupa, et O-maï lui adressa diverses questions que je dictai ; les réponses furent si claires et si satisfaisantes, qu’il ne me resta plus de doute. Cependant un chef d’une certaine importance, qui arriva au même instant d’Anamocka, déclara qu’il ne se trouvait point de vaisseau dans cette île, et qu’il n’y en était point venu depuis notre départ : alors le naturel qui avait répandu le bruit s’éloigna tout de suite, et nous ne le rencontrâmes plus. Il n’était pas aisé de découvrir le but de ce mensonge : peut-être l’imaginèrent-ils afin de nous déterminer à partir.

» Je parcourus de nouveau l’intérieur de l’île, le 25 ; et j’entrai par hasard dans une maison où une femme pansait les yeux d’un enfant qui