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s’exécutaient avec tant de justesse et de vivacité, que la troupe nombreuse des acteurs semblait ne former qu’une grande machine. Nous pensâmes tous qu’un pareil spectacle serait universellement applaudi sur un théâtre d’Europe ; il surpassa, comme je l’ai déjà dit, tout ce que nous avions imaginé pour les divertir, et ils eurent l’air de sentir leur supériorité sur nous. Excepté le tambour, ils ne faisaient aucun cas de nos instrumens de musique, encore le jugeaient-ils inférieur au leur. Nos cors de chasse en particulier excitèrent leur mépris ; car ces insulaires ni aucun de ceux du grand Océan ne daignèrent pas les examiner.

» Afin de leur donner une opinion plus favorable de nos amusemens, et de leur inspirer un sentiment profond de notre force et de notre adresse, je fis préparer des feux d’artifice qui furent tirés le soir, en présence de Finaou, des autres chefs et d’une multitude d’habitans. Des pièces gâtées manquèrent ; mais celles qui étaient en bon état réussirent parfaitement, et remplirent très-bien les vues que je me proposais. Les fusées volantes et les serpenteaux causèrent surtout un plaisir et un étonnement qu’on ne peut concevoir ; alors les insulaires convinrent qu’en fait de spectacles nous en savions plus qu’eux.

» Cette supériorité de notre part les excita à nous donner de nouvelles preuves de leur dextérité ; et, dès que notre feu d’artifice fut terminé, nous vîmes commencer une suite de