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de danse, si différente de celles que j’avais vues jusqu’alors, que je crains de ne pouvoir la décrire à mes lecteurs. Elle fut exécutée par des hommes ; cent cinq acteurs y prirent part. Chacun d’eux tenait à la main un instrument, à peu près de la forme d’une pagaie, de deux pieds et demi de longueur, qui avait un petit manche, et une pale de peu d’épaisseur, et était très-léger. Ils l’agitèrent d’un nombre infini de manières, en prenant diverses attitudes, ou faisant divers mouvemens. Les acteurs se rangèrent d’abord sur trois lignes ; et, par différentes évolutions, chacun changea de place, de sorte que ceux qui s’étaient trouvés en arrière se trouvèrent en avant. Ils ne gardaient pas long-temps la même position ; chaque fois qu’ils en changeaient, c’était toujours par des mouvemens très-vifs. Ils s’étendirent d’abord sur une seule ligne, ensuite ils se formèrent en demi-cercle, et enfin en deux colonnes. Tandis qu’ils achevaient cette dernière évolution, l’un d’eux s’avança, et exécuta devant moi une danse grotesque, qui termina le spectacle.

» Il n’y avait d’autres instrumens que deux tambours, ou plutôt deux troncs d’arbres creusés, que l’on frappait avec un morceau de bois, et d’où l’on tirait quelques tons. Il me parut néanmoins que les danseurs étaient dirigés non par ces tons, mais par un chœur de musique vocale, auquel leur voix se joignait. Leur chant avait une sorte de mélodie, et les évolutions ou les pas qui répondaient à ce chant