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pratiques ; et les coups de fouet ne semblaient pas produire plus d’effet sur eux que sur un morceau de bois. Lorsqu’on en surprenait en un flagrant délit, son maître, loin d’intercéder en sa faveur, me conseillait souvent de tuer le coupable. J’étais bien éloigné de suivre ce conseil, et les voleurs, en général, échappaient à tout châtiment, car ils paraissent aussi insensibles à la honte qu’aux coups. Le capitaine Clerke imagina enfin une punition qui me sembla les contenir un peu : il mit les voleurs entre les mains du barbier, qui lui rasa entièrement la tête. Nous les renvoyions ainsi couverts de ridicule aux yeux de leurs compatriotes ; et nous mettions nos gens en état de les empêcher de commettre de nouvelles friponneries en les tenant bien éloignés.

» Finaou recherchait tellement notre compagnie, qu’il dînait tous les jours à bord, quoiqu’il lui arrivât quelquefois de ne pas partager notre repas. Le 10, par exemple, ses domestiques lui apportèrent du poisson, une soupe et des ignames. Au lieu d’eau pour la soupe, c’était du jus de cocos dans lequel on avait fait cuire le poisson, vraisemblablement dans un vase de bois, au moyen de pierres chaudes ; mais on l’apporta dans une feuille de bananier. Je goûtai ce mets, et je le trouvai si bon, que j’ordonnai ensuite d’apprêter du poisson de la même manière. Mon cuisinier réussit assez bien, sans cependant approcher jamais de la perfection de ses modèles.