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jour ; il y revint aussi le lendemain, accompagné de Taïpa, de Toubaou et de quelques autres chefs. J’observai que Taïpa eut seul la permission de s’asseoir à la même table, ou même de manger en sa présence. J’avoue que cette étiquette me fit plaisir ; car, avant l’arrivée de Finaou, j’avais plus de convives que je ne pouvais en loger, des hommes et des femmes venant en foule s’emparer de ma table. Les habitans des îles des Amis n’ont pas, comme les Taïtiens, refusé aux femmes le droit de manger avec les hommes.

» On nous avait volé une grande hache dès le premier jour de notre arrivée. Je m’adressai à Finaou pour qu’il interposât son autorité afin qu’on me la rendit ; il donna en effet ses ordres, et on les exécuta si promptement, que la hache me fut rapportée à bord le lendemain, tandis que nous étions à dîner. Ce peuple nous fournit des occasions fréquentes de remarquer son adresse à voler. Quelques-uns des chefs eux-mêmes ne jugèrent pas que le larcin fût au-dessous de leur dignité. Le 9, l’un d’eux fut surpris emportant sous ses habits la manivelle de la machine avec laquelle nous tordions nos fils de carets ; je le condamnai à recevoir douze coups de fouet ; et je le tins aux arrêts jusqu’au moment où il racheta sa liberté avec un cochon. Depuis cette époque, nous ne rencontrâmes plus de filoux d’un rang distingué. Leurs domestiques, ou leurs esclaves, se livraient cependant toujours à ces vilaines