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verain. Après une courte visite, Finaou m’accompagna à bord, avec six personnes de sa suite. Je leur fis des présens convenables, et je les traitai de la manière que je crus la plus conforme à leurs goûts.

» Je les reconduisis à terre le soir. Le chef, pour me remercier des présens qu’il avait reçus, fit mettre trois cochons dans mon canot. J’appris alors un accident qui venait d’arriver, et dont je vais parler avec quelques détails, parce qu’il donnera une idée de l’étendue du pouvoir que les chefs exercent ici sur le bas peuple. Tandis que Finaou était à bord de mon vaisseau, un chef inférieur, par des raisons que notre détachement ne put découvrir, ordonna aux naturels de s’éloigner du poste que nous occupions. Quelques-uns s’étant hasardés à revenir, ce chef prit un gros bâton, et les en frappa sans pitié. Il asséna un coup si vigoureux sur le visage de l’un d’eux, que le sang jaillit par la bouche et les narines de ce malheureux, qui tomba sans connaissance, eut ensuite des convulsions, et fut emporté. Ce chef brutal, à qui l’on vint raconter qu’il avait tué cet homme, ne fit qu’en rire ; il était évident qu’il n’éprouvait pas le moindre regret de ce meurtre. Nous apprîmes depuis que le blessé n’était pas mort.

» La Découverte ayant relevé sa petite ancre d’affourche, changea de mouillage le 7, parce que son meilleur câble avait été coupé comme l’autre. Finaou vint dîner avec moi le même