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il était juste de le tuer. Mais j’aurais pu exterminer la race entière, si j’avais suivi les conseils de cette espèce que je reçus : les habitans de tous les villages ou hameaux me prièrent chacun à leur tour de détruire leurs voisins. Il n’est pas aisé de concevoir les motifs d’une animosité si terrible ; elle prouve d’une manière frappante jusqu’à quel point ces malheureuses peuplades sont divisées entre elles : je suis très-sûr que je ne me mépris pas sur l’intention des naturels qui m’adressèrent des prières si étranges ; car O-maï, dont la langue naturelle est un dialecte de celle de la Nouvelle-Zélande, et qui entendait parfaitement bien tout ce qu’on me dit, me servait d’interprète.

» Le 15, j’allai dans mon canot examiner les cantons qui offraient la meilleure herbe ; je voulais voir ensuite l’hippa, ou le village fortifié, situé à la pointe sud-ouest de Motouara, et les lieux que nous avions convertis autrefois en jardins. Je trouvai l’hippa désert, mais les maisons et les palissades avaient été réparées : elles me parurent en bon état ; d’autres indices m’annonçaient qu’il avait été habité peu de temps auparavant. Il est inutile de décrire ici cette espèce de forteresse ; j’en ai assez parlé dans la relation de mon premier voyage, à laquelle je renvoie mes lecteurs.

» Lorsque l’Aventure relâcha pour la première fois, en 1773, dans le port de la Reine Charlotte, M. Bayley établit son observatoire à cet endroit, et l’on y sema plusieurs de nos