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des poissons contribuait aussi à la richesse de cette grotte marine, dans laquelle ils se promenaient paisiblement. Nous la regardâmes avec un plaisir inexprimable, et nous éprouvâmes du regret de ce qu’un ouvrage si extraordinaire est caché dans un lieu où les hommes n’ont guère occasion de lui payer le tribut d’éloges qu’il mérite.

» Rien n’annonçait que des hommes fussent jamais venus sur cette terre, si j’en excepte un petit bordage de pirogue qu’on rencontra sur la grève, et que la mer pouvait y avoir apporté d’une autre île. Mais ce qui est assez singulier, nous y vîmes plusieurs petits rats bruns. Il n’est pas aisé d’expliquer l’origine de ces animaux, et je suis tenté de croire qu’ils y sont venus avec la pirogue dont nous aperçûmes les débris.

» Lorsque les canots furent chargés, je revins à bord : M. Gore passa la nuit à terre avec quelques hommes, afin de reprendre plus tôt ses travaux le lendemain.

» La journée du 15 se passa comme celle de la veille. M. Gore cueillit et envoya à bord des provisions pour notre bétail ; il nous procura surtout des choux palmistes, de jeunes cocotiers, et les rameaux tendres du ouharra. Au coucher du soleil, les deux vaisseaux en avaient une quantité suffisante, et je fis revenir le détachement ; mais comme le vent était faible ou nul, je résolus d’attendre un jour de plus, et d’essayer le lendemain de tirer des cocos pour