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et les pirogues n’osèrent vraisemblablement pas se mettre à la mer, car les vaisseaux passèrent sous le vent : cette fois nous étions au vent.

» Sur ces entrefaites nous avancions nous-mêmes vers l’île, et six ou sept doubles pirogues nous joignirent bientôt. Chacune portait de trois à six hommes. Elles s’arrêtèrent à environ un jet de pierre du vaisseau. O-maï eut bien de la peine à les déterminer à venir le long de la Résolution ; mais ses démonstrations amicales et ses prières ne purent engager un seul des naturels à monter à bord. Leur maintien farouche et leur conduite bruyante n’annonçaient pas des hommes disposés à se fier à nous, ou à nous bien traiter. Nous apprîmes ensuite qu’ils avaient essayé d’enlever les avirons d’un canot de la Découverte, et frappé un de nos matelots qui s’opposa à leurs desseins. Ils coupèrent de plus, avec une coquille, un filet rempli de viande, qui pendait à l’arrière du vaisseau de M. Clerke ; ils refusèrent opiniâtrement de le rendre, et nous fûmes contraints de leur en payer la valeur. Ceux qui environnaient la Résolution se conduisirent avec la même audace : ayant converti une longue perche en crochet, ils s’efforcèrent ouvertement de nous voler plusieurs choses, et ils vinrent à bout de prendre l’habit d’un de nos gens qui pendait en dehors du vaisseau. Ils me prouvèrent en même temps qu’ils avaient l’habitude de faire des échanges ; ils nous vendirent du poisson, et entre autres des carrelets assez