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la connaissance d’un fait très-curieux et très-instructif. En effet, l’histoire qu’on vient de lire explique mieux que toutes les conjectures des savans comment les hommes se sont répandus sur les contrées de la terre les plus éloignées, et en particulier sur les îles du grand Océan.[1]

» Les naturels du pays donnent à cette île le nom d’Ouatihou : elle gît par 20° 1′ de latitude sud, et 201° 45′ de longitude orientale. Elle a environ six lieues de circonférence ; elle est d’un très-bel aspect ; on y voit des collines et des plaines, et elle est couverte d’une verdure

  1. Il est vraisemblable que de pareils accidens sont communs dans le grand Océan. En 1696, deux pirogues, qui avaient à bord trente hommes ou femmes, et qui partirent d’Amorso, furent jetées, par les vents contraires et les orages, sur l’île de Samal, l’une des Philippines, éloignée de trois cents lieues. Après avoir été promenés soixante et dix jours sur la mer, cinq d’entre eux moururent durant cette pénible traversée. Le tome XV, page 196 jusqu’à la page 215, des Lettres édifiantes et curieuses, raconte le fait en détail, et donne la description des îles dont je viens de parler. Le même volume, pages 282 et suivantes, cite une aventure pareille arrivée en 1721. Deux pirogues, dont l’une contenait vingt-quatre et l’autre six personnes, hommes, femmes ou enfans, furent chassées d’une île appelée Faroilep à l’île de Guam ou Guaham, l’une des Larrons ou des Mariannes ; mais elles n’eurent pas à essuyer autant de fatigue que les deux autres, car elles ne furent que vingt jours en mer. Il n’y a aucune raison de révoquer en doute l’authenticité de ces relations. Tous les écrivains modernes ont adopté les détails que contiennent les lettres des jésuites sur ces îles, nommées aujourd’hui Carolines, et dont les Espagnols durent la connaissance à l’arrivée des deux dernières pirogues à Samal et Guam. Voyez les Voyages aux Terres australes, du président de Brosses, tome II, pages 443 et suivantes. Voyez aussi l’Histoire universelle moderne.