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moigna sa surprise de ce que les médecins anglais n’ont jamais songé à envoyer leurs malades à Ténériffe, au lieu de les envoyer à Nice ou à Lisbonne. En allant de Sainte-Croix à Laguna, je reconnus moi-même combien la température de l’air varie : lorsqu’on monte, on ressent peu à peu le froid, qui finit par être insupportable. On m’assura que, passé le mois d’août, personne ne peut habiter à un mille de distance du sommet du pic en ligne perpendiculaire sans éprouver un froid très-rigoureux.

» Quoiqu’il sorte constamment de la fumée des environs de ce sommet, on n’a éprouvé à Ténériffe ni tremblement de terre ni éruption de volcan depuis 1704 ; le port de Garrachica, où l’on faisait autrefois une grande partie du commerce, fut détruit à cette époque[1].

» Le commerce de Ténériffe est assez considérable, car on y fait quarante mille pipes de vin ; on les consomme dans l’île, ou bien on les convertit en eaux-de-vie, qu’on envoie aux îles espagnoles du Nouveau-Monde : l’Amérique septentrionale en tirait chaque année six mille pipes, lorsque ses liaisons avec Ténériffe n’étaient pas interrompues ; l’exportation se trouve aujourd’hui diminuée de moitié. En général, le blé de l’île ne suffit pas à la subsistance des insulaires : nos colonies du Nouveau-Monde y

  1. Ce port fut comblé par des torrens de laves brûlantes qui sortirent du volcan. On trouve aujourd’hui des maisons dans les endroits où mouillaient autrefois les vaisseaux.