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race émigrante trouva dans sa nouvelle contrée de nouveaux poissons et de nouvelles plantes, il fallut leur donner de nouveaux noms, qui ne peuvent exister dans aucun des autres dialectes. Les qualités de ces animaux, les nouveaux végétaux dont on tirait de nouveaux alimens ou de nouveaux vêtemens exigeaient nécessairement d’autres noms.

» Pour prouver maintenant que les autres nations du grand Océan sont d’une race différente de celles des peuples que je viens de nommer, il suffit de recourir à leurs langages, qui non-seulement diffèrent en tout de l’idiome dont il a été question plus haut, mais qui sont aussi très-distincts l’un de l’autre ; on pourrait dire peut-être qu’ils descendent d’autant de nations différentes, s’il n’était pas inutile de les multiplier sans nécessité, puisqu’en effet on aperçoit quelque ressemblance dans les usages, dans la couleur, les formes et l’habitude du corps.

» Si le lecteur veut remonter jusqu’au continent ou jusqu’aux terres des environs pour trouver les races primitives de ces différens insulaires, il n’a qu’à jeter les yeux sur une carte du grand Océan, il verra que cette mer est bornée à l’est par l’Amérique ; à l’ouest par l’Asie, au nord par les îles de l’Inde, et au sud par la Nouvelle-Hollande. On est d’abord porté à croire que les habitans des îles du tropique viennent originairement d’Amérique parce que les vents d’est sont ceux qui domi-