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dont ils blessent tous ceux qui s’approchent par hasard de lui. Je ne sais pas quelle a été l’origine de cette singulière coutume ; mais il me semble qu’elle est destinée à inspirer de l’horreur, et l’ajustement fantastique décrit dans la relation du premier voyage du capitaine Cook ayant cette forme effrayante et extraordinaire que les nourrices attribuent aux esprits et aux fantômes, je suis tenté de croire qu’il y a quelque superstition cachée sous ce rit funéraire. Peut-être imaginent-ils que l’âme du mort exige un tribut d’affliction et de larmes, et c’est pour cela qu’ils s’appliquent des coups de dents de requin. Quoiqu’il en soit, les naturels ne nous ont donné aucune lumière sur ce sujet. Ils nous parlaient en détail de la cérémonie et du vêtement ; mais il n’a pas été possible de nous faire entendre quand nous demandions la cause de cet usage. Oedidi découvrit seulement qu’à la mort d’un homme c’est une femme qui accomplit le rit funéraire, et que c’est un homme à la mort d’une femme.

» En Angleterre, les habits de deuil de Taïti ont excité tant de curiosité, qu’un matelot en a vendu un vingt-cinq guinées. Les Taïtiens, à cet égard, ne le cèdent en rien aux nations civilisées. Après qu’Oedidi eut raconté tout ce qu’il savait des pays qu’il avait vus, les chefs nous demandèrent sans cesse des curiosités de Tongatabou, Ouaïhou et Ouaïtahou[1], plutôt que des marchandises d’Angle-

  1. De l’île d’Amsterdam, de l’île de Pâques, et de Sainte-Christine.