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principaux personnages des deux sexes s’efforcèrent aussi de gagner nos bonnes grâces en nous amenant des cochons, des fruits, et tout ce que produisait l’île, afin d’obtenir de même des plumes d’oura. Il fut heureux pour nous d’en avoir beaucoup, car notre fonds de marchandises était alors fort épuisé ; de sorte que sans elles il eût été difficile d’approvisionner le vaisseau des rafraichissemens nécessaires.

» Notre ami Potatou, Ouhaïneou, sa femme actuelle, et Polatehera, sa première femme, vinrent aussi nous voir : comme ils étaient attirés par l’éclat de nos plumes rouges, ils ne négligèrent rien pour en avoir ; ils donnèrent les plus gros cochons pour de petits morceaux d’étoffe garnis de ces plumes.

» L’orage avait été si violent, que l’on plaça une chaîne de cuivre tout au haut du grand mât : à l’instant où un des matelots venait de la dégager du milieu des haubans, et de jeter l’extrémité par-dessus le bord, un éclair brilla au-dessus du vaisseau, et nous vîmes la flamme courir tout le long de la chaîne jusqu’à la mer ; il fut suivi d’un coup de tonnerre épouvantable qui ébranla tout le bâtiment, au grand étonnement des Européens et des Taïtiens qui étaient à bord. Cette explosion ne nous causa pas le moindre dommage, ce qui prouve l’utilité de la chaîne électrique.

» Nous trouvâmes qu’on venait de construire et qu’on construisait beaucoup de grandes pirogues et de maisons de toute espèce ; que le