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mait d’un attachement sincère, et dont il était généralement estimé.

» Nous eûmes connaissance de la haute terre de Taïti le 21 avril, et à midi nous nous trouvions à environ treize lieues à l’est de la pointe Vénus, sur laquelle on gouverna.

» Chacun contemplait la métropole des îles du tropique ; elle était infiniment plus belle alors que huit mois auparavant ; sur les montagnes, les forêts revêtues d’un feuillage nouveau, semblaient étaler avec complaisance la variété de leurs teintes ; les coteaux et les plaines surtout brillaient par l’éclat de leurs couleurs : la verdure la plus vive embellissait leurs fertiles bocages ; tout rappelait à notre esprit l’île enchantée de Calypso. L’imagination et les yeux revolaient sans cesse vers ce délicieux paysage ; ce qui accrut encore nos plaisirs, en longeant la côte, nous découvrîmes des lieux que nous avions déjà parcourus.

» Dès que les insulaires nous aperçurent, ils mirent leurs pirogues en mer et nous apportèrent des fruits en présens. Parmi les premiers qui vinrent à bord se trouvaient deux jeunes gens d’un certain rang, que nous fîmes entrer dans la chambre, où on leur présenta Oedidi. La politesse de la nation voulait qu’ils lui offrissent en dons des vêtemens ; à l’instant ils ôtèrent les leurs, qui étaient d’une étoffe fine, et les mirent sur ses épaules. Pour les remercier, il leur montra tous ses trésors, et il leur donna quelques plumes