Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/283

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de revoir l’Europe après tant de périls et de peines semblait nous inspirer une nouvelle ardeur.

» Le 12 à midi, on aperçut un poisson extraordinaire de l’espèce des baleines : quelques personnes l’appelèrent un monstre de mer. Il était long d’environ soixante pieds ; il avait la tête oblongue et écrasée, creusée en dessus de deux sillons longitudinaux, auxquels correspondaient deux proéminences ; deux petites ouvertures en demi-lune lui servaient à jeter l’eau. Il était partout tacheté de blanc ; deux grandes nageoires s’élevaient derrière la tête ; il n’en avait aucune sur le dos. Ce poisson semble inconnu jusqu’à présent. L’après-midi les pétrels damiers commencèrent à paraître.

Les vents d’ouest soufflèrent avec une violence surprenante : les lames étaient d’une extrême grosseur, et quelquefois de plusieurs centaines de pieds de longueur ; le roulis du vaisseau devenait extrêmement désagréable quand le vent venait de l’arrière. On dit communément que l’inclinaison d’un vaisseau, dans le roulis le plus fort, ne surpasse jamais vingt degrés : nous l’observâmes de plus de trente degrés, et M. Wales l’observa ensuite de plus de trente-huit. Quoique la Résolution fût un lourd voilier, nous fîmes un jour plus de quarante lieues.

» Le 27 novembre, nous étions par 55° 6′ de latitude australe, et 138° 56′ de longitude ouest. Je renonçai alors à tout espoir de rencontrer une terre dans cette partie de l’Océan, et je