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lieu d’îles basses très-nombreuses, couvertes de grands arbres ; puis nous découvrîmes une île plus grande, que je nommai l’île des Pins, à cause du grand nombre d’arbres de cette espèce que nous y aperçûmes, et qui de loin représentaient des colonnes. J’étais déjà bien las de suivre une côte qu’il était difficile de reconnaître plus loin sans m’exposer au risque évident d’un naufrage qui ferait perdre tout le fruit de cette expédition. Je ne pouvais cependant me résoudre à l’abandonner avant d’avoir reconnu les arbres qui avaient été le sujet de nos conjectures, et que nos naturalistes avaient persisté à regarder comme des colonnes de basalte. Ils semblaient d’ailleurs offrir d’excellens bois de construction ; et comme nous n’en n’avions vu nulle part que sur la partie méridionale de cette terre, cette circonstance piquait davantage notre curiosité. Après avoir couru une bordée au sud pour doubler les écueils que nous avions de l’avant, je portai donc au nord, espérant trouver un ancrage sous le vent de quelques petites îles où croissent ces arbres. Vers les huit heures, nous nous trouvâmes en vue des brisans qui s’étendent entre l’île des Pins et le promontoire de la Reine Charlotte ; les sondes furent en ce moment de cinquante-cinq à quarante et trente-six brasses, fond de sable fin. Plus nous approchions de ces écueils, plus ils semblaient se multiplier, et nous n’apercevions aucun passage entre les deux terres.

» Comme nous n’étions que de quelques mil-