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chasser du rivage ; et malgré ces fusillades ils continuèrent de jeter des pierres de derrière les arbres et les buissons, et de temps à autre ils s’avançaient afin de lancer des dards. De quatre qui paraissaient être restés morts sur le rivage, nous en vîmes ensuite deux qui se traînèrent dans les broussailles. Ce fut pour eux une chose très-heureuse, qu’il n’y eût que la moitié des mousquets qui prit feu ; sans cela il en serait resté sur la place un plus grand nombre. Un des nôtres fut blessé à la joue, d’un dard dont la pointe était de l’épaisseur du doigt, et qui cependant était entré de deux pouces ; ce qui montre avec quelle force le trait avait été lancé. M. Gilbert fut atteint d’une flèche à la poitrine, à la distance d’environ soixante pieds ; cette flèche avait rencontré quelque obstacle, car elle ne fit guère qu’effleurer la peau. Les flèches étaient armées de pointes d’un bois dur.

» Ceux qui étaient restés à bord virent les insulaires courir çà et là, traînant après eux les morts et les blessés, puis se former ensuite en bataille, paraissant disposés à venger la mort de leurs compatriotes.

» Après que le premier feu eut cessé, on en aperçut qui se traînaient à quatre pates dans les buissons ; d’autres se cachèrent derrière une élévation sablonneuse, qui leur servait de retranchement, et d’où ils tâchèrent d’assaillir nos gens, qui à leur tour les épièrent quelque temps pour les fusiller.