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triotes. Je leur distribuai aussitôt des présens, tandis que les soldats de marine se rangèrent en bataille sur la plage. Je fis signe à ces insulaires (car nous n’entendions pas un seul mot de leur langue), que nous avions besoin de bois, et ils nous répondirent que nous pouvions en couper. Dans ce moment on amena un petit cochon, qu’on m’offrit, et je donnai au porteur une pièce d’étoffe dont il parut charmé ; nous espérions obtenir bientôt de ces Indiens d’autres provisions ; nous nous trompions. Le cochon avait été apporté non pour être échangé, mais probablement pour être offert, comme le sceau de la pacification, Nous n’obtînmes d’eux qu’une demi-douzaine de cocos, et une très-petite quantité d’eau douce. Ils ne mettaient aucune valeur aux clous ni à nos outils de fer, et même ils n’estimaient rien de tout ce que nous avions. De temps à autre, ils échangeaient une flèche pour une pièce d’étoffe, mais ils consentaient rarement à se départir d’un arc. Ils ne voulaient point que nous quittassions le rivage pour entrer dans l’intérieur, et ils désiraient fort que nous retournassions au vaisseau.

» Plusieurs d’entre eux s’assirent volontiers près de nous au pied d’un arbre, afin de nous apprendre leur langage : ils étaient surpris de l’aptitude que nous avions à nous souvenir des mots qu’ils prononçaient, et ils semblaient réfléchir comment avec une plume et du papier il était possible de conserver des sons. Non-