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d’un grand nombre de ces habitations ; mais nous vîmes peu d’habitans : la plupart étaient à notre marché. Tous ceux que nous rencontrâmes nous traitèrent poliment ; ils inclinaient leurs têtes, disant lelei (bon), ouoa (ami) ; ou bien ils employaient d’autres expressions qui annonçaient leur bon caractère et leurs dispositions amicales à notre égard. Ils nous servaient de guides ; ils allaient nous cueillir des fleurs au haut des plus grands arbres, et nous chercher des oiseaux au milieu de l’eau ; ils nous montraient souvent les plus belles plantes, dont ils nous apprenaient les noms. Si nous leur en faisions voir une dont nous voulions emporter des échantillons, ils couraient en chercher fort loin ; ils nous offraient avec empressement des cocos et des pamplemouses, et ils portaient avec joie de gros fardeaux pour nous : un clou, un grain de verroterie, ou un mauvais morceau d’étoffe, leur paraissaient une récompense précieuse ; en un mot, dans toutes les occasions, ils étaient disposés à nous obliger.

» Durant notre promenade, nous atteignîmes une grande lagune d’eau salée à l’extrémité septentrionale de l’île : ce lac qui, en un endroit, n’était séparé de la mer que de quelques pieds, avait environ trois milles de long et un de large ; trois petites îles, remplies d’arbres disposés d’une manière pittoresque, ornaient cette belle pièce d’eau, dont les bords attiraient sans cesse les regards. Le paysage, réfléchi sur les ondes, accroissait encore les délices de cette