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paix, et ils désirèrent qu’on l’exposât dans la partie la plus visible du vaisseau. On le mit en effet sur les haubans du grand mât, et les deux ambassadeurs retournèrent à l’instant vers la terre. Bientôt nous découvrîmes sur le rivage une foule de gens qui nous regardaient, tandis que d’autres, d’après ce traité de paix, montaient leurs pirogues et les chargeaient des différentes productions de leur pays. En moins d’une heure nous fûmes entourés de cent canots portant chacun un, deux, trois et quelquefois quatre personnes, qui nous montraient une parfaite confiance, et qui n’avaient aucune arme. Le son amical de tayo retentissait de toutes parts ; nous le répétions de bon cœur et avec un extrême plaisir. Nous achetâmes des cocos, des bananes, des fruits à pain et d’autres végétaux, du poisson, des pièces d’étoffes, des hameçons, des haches de pierre, etc., etc. ; les pirogues, remplissant l’intervalle qui se trouvait entre notre bâtiment et la côte, présentaient le tableau d’une nouvelle espèce de foire. Je me mis à la fenêtre de la chambre pour acheter des objets d’histoire naturelle, et en une demi-heure je rassemblai deux ou trois oiseaux inconnus, un grand nombre de poissons nouveaux, dont les couleurs, pendant qu’ils étaient en vie, étaient extrêmement belles. Je passai la matinée à les dessiner et à peindre leurs couleurs brillantes avant qu’elles s’évanouissent.

» Les traits du visage des Taïtiens qui nous