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seulement pour lui une chemise blanche ; je lui en donnai une. L’enfant était si charmé de son nouveau vêtement, qu’il se promena sur le vaisseau, et se montra avec complaisance à tous ceux qu’il rencontrait. Cette liberté offensa un vieux bouc qui l’étendit sur le pont d’un coup de corne ; et il aurait recommencé, si l’on ne fût allé au secours de l’enfant. La chemise fut salie, l’enfant n’osait reparaître devant son père, qui était dans ma chambre ; il fallut que M. Forster l’introduisît : alors le pauvre enfant raconta une histoire très-lamentable sur gourey, le grand chien (car c’est ainsi qu’ils appelaient tous les quadrupèdes que nous avions à bord), et on ne put le calmer que lorsqu’on eut lavé et séché sa chemise. Ce fait, minutieux en lui-même, prouvera combien nous sommes sujets à nous méprendre sur les intentions de ces peuples, et à leur attribuer des usages qui leur sont absolument étrangers.

» Vers les neuf heures nous aperçûmes une grande pirogue double, montée par vingt ou trente hommes. Les Zélandais, nos amis, que nous avions à bord, parurent fort alarmés ; ils nous dirent que c’étaient leurs ennemis ; et deux d’entre eux, l’un tenant à la main une pique, et l’autre une hache de pierre, montèrent sur l’arrière du vaisseau ; là ils défièrent leurs ennemis par une espèce de bravade. Les autres qui étaient à bord se rendirent sur-le-champ à leurs pirogues, et gagnèrent la terre, probablement afin de