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tièrement dissipé. Le même tube a quelquefois une direction verticale, et d’autres fois une direction courbe ou inclinée. Quand la dernière trombe s’évanouit, remarque Forster, il y eut un éclair sans explosion. Notre position pendant la durée de ce phénomène était très-alarmante ; ces trombes, qui servaient de point de réunion à la mer et aux nuages, frappaient d’admiration et de terreur, et nos marins les plus expérimentés ne savaient que faire ; la plupart d’entre eux avaient vu de loin de pareils météores, mais jamais ils ne s’en étaient trouvés ainsi environnés de toutes parts, et nous connaissions tous la description effrayante qu’on a faite de leurs funestes effets quand ils se brisent sur un vaisseau. Nous serrâmes les voiles ; nous pensions tous que nos mâts et nos vergues auraient été mis en pièces, si par malheur nous avions été entraînés dans le tourbillon. Il est difficile de dire si l’électricité contribue à ce phénomène : cependant l’éclair que nous observâmes à l’explosion de la dernière colonne semble annoncer qu’il y a certainement quelque part. Ces trombes parurent pendant environ trois quarts d’heure : nous avions alors trente-six brasses d’eau. Le parage où nous étions est analogue à la plupart de ceux où l’on en a remarqué, du moins nous étions aussi dans une mer resserrée ou dans un détroit. Shaw et Thévenot en ont vu dans la Méditerranée et dans le golfe Persique ; elles sont communes aux îles d’Amérique, au détroit de Ma-