Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» De cet endroit ils suivirent la direction de la côte au nord-est : l’homme qui leur servait de guide marchait toujours le premier, agitant son pavillon. Ils trouvèrent le pays très-stérile l’espace d’environ trois milles, et, en quelques endroits, manquant totalement de terreau, de manière qu’il n’offrait qu’un rocher nu, qui semblait être une mauvaise espèce de minerai de fer. Au-delà, ils parvinrent à la partie la plus fertile de l’île : ce canton était entremêlé de plantations de patates, de cannes à sucre et de bananiers, moins hérissé de pierres que ceux qu’ils venaient de passer, mais sans eau ; les insulaires leur en apportèrent cependant à deux ou trois reprises différentes ; et comme ils avaient une soif ardente ils la burent, quoiqu’elle fût saumâtre et puante. Ils passèrent aussi devant des huttes dont les propriétaires vinrent à leur rencontre, et leur offrirent des patates grillées et des cannes à sucre, et, se mettant devant le premier de nos Anglais, qui marchaient de file pour profiter du sentier, ils leur en donnèrent à chacun une. Ils observèrent la même méthode dans la distribution de l’eau. Ils eurent soin que les plus altérés n’en bussent pas trop, de peur qu’il n’en restât point pour les derniers. Mais tandis que ces généreux insulaires s’efforçaient d’apaiser la faim et la soif des étrangers, d’autres tâchaient de leur enlever tout ce qu’ils avaient reçu en présent. Pour prévenir des suites plus funestes, nos gens fu-