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en famille nous rendre une visite. Comme ils approchaient de notre bâtiment avec beaucoup de précaution, j’allai dans un canot à leur rencontre ; et dès que je fus près d’eux, j’entrai dans leur pirogue : mais ne pouvant les engager à venir le long du bâtiment, je fus obligé de les laisser suivre leur inclination. Ils débarquèrent dans une petite anse tout près de nous, et ensuite ils vinrent s’asseoir sur le rivage, vis-à-vis de la Résolution, d’où ils nous parlèrent. Je fis alors jouer les cornemuses et les fifres, et battre du tambour. Ils ne montrèrent aucune attention pour les deux premiers instrumens ; mais ils parurent attentifs au son du tambour ; malgré nos invitations et nos caresses, ils refusèrent constamment de monter à bord ; ils conversèrent très-familièrement (sans se faire entendre) avec les officiers et les matelots qui allaient près d’eux : ils avaient beaucoup plus d’égards pour quelques-uns de nos gens que pour d’autres ; et nous avions lieu de croire-qu’ils prenaient ceux-là pour des femmes. La jeune Zélandaise témoigna particulièrement un attachement extraordinaire à un homme, jusqu’à ce qu’elle eût découvert son sexe ; dès lors elle ne voulut plus le souffrir près d’elle. Je ne sais si cette réserve venait de ce qu’elle l’avait pris auparavant pour une personne de son sexe, ou de ce que le matelot, pour se découvrir, avait pris quelque liberté qui lui avait déplu.

» L’après-midi je conduisis M. Hodges à une