Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on vit la première île de glace, 11° plus au sud qu’on ne l’avait trouvée l’année auparavant, après notre départ du cap de Bonne-Espérance. On aperçut en même temps un pétrel antarctique, quelques albatros gris, des damiers et des pétrels bleus.

» Le 13, le thermomètre était à 31° : nous cinglâmes à l’est avec un vent assez fort, quoiqu’il tombât une quantité prodigieuse de neige, qui remplissait tellement l’atmosphère, que nous ne voyions pas à trente pieds devant nous. Oedidi avait déjà témoigné sa surprise en observant les jours précédens de petites ondées de neige et de grêle : ce phénomène est absolument inconnu dans son pays. Ces pierres blanches qui se fondaient dans ses mains étaient miraculeuses pour lui ; et, malgré nos efforts pour lui expliquer que le froid contribuait à leur formation, je crois que ses idées sur cette matière n’étaient pas fort claires. Les flocons de neige qui ne cessèrent de tomber ce jour-là le surprirent plus que tout ce qu’il avait vu jusqu’alors. Après en avoir considéré long-temps les qualités singulières, il nous dit qu’il l’appellerait de la pluie blanche, quand il serait de retour dans son île. Il n’aperçut pas les premières glaces, parce que nous les dépassâmes de trop bonne heure dans la matinée ; mais deux jours après, à environ 65° de latitude, il fut frappé d’étonnement en voyant un des plus gros glaçons ; et lorsqu’il découvrit le lendemain une immense plaine de glace qui