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» Les côtes sont blanches et escarpées du côté de la mer ; on découvrit les huttes et les forteresses des naturels placées sur le sommet des rochers, comme les nids des aigles. Nous aperçûmes les habitans sur le rivage, et nous restâmes en panne quelque temps, pour qu’ils se rendissent à notre bord, et pour attendre l’Aventure ; mais ils ne paraissaient pas vouloir nous accoster : il est vrai qu’alors l’impétuosité du vent les aurait seule empêchés de le tenter. Aussitôt que nous eûmes rallié l’Aventure, nous fîmes voile pour le cap Kidnappers, que nous doublâmes à cinq heures du matin, et nous continuâmes de côtoyer le rivage jusqu’à neuf heures. Quelques pirogues se détachèrent du rivage ; je fis mettre en travers, afin de leur laisser le loisir d’arriver au vaisseau ; mais je donnai le signal à l’Aventure de suivre sa route, ne voulant perdre que très-peu de momens.

» La première pirogue qui nous aborda n’avait à bord que des pêcheurs, qui nous vendirent du poisson pour des pièces d’étoffe et des clous. La seconde était montée par deux Indiens, que leur vêtement et leur démarche me firent prendre pour des chefs. Nous les engageâmes à monter sur le pont, en leur présentant des clous et d’autres objets. Ils recherchaient les clous avec un empressement qui montrait assez qu’on ne pouvait rien leur offrir de plus précieux. Je donnai à celui de ces deux hommes qui me parut le plus distingué les co-