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aussi cette brûlure ou ces vésicatoires sur les os des joues, que nous avons observés si généralement parmi les membres de cette tribu, qu’à peine un seul individu en était exempt : cette étrange opération doit être un remède contre quelques maladies. Le sol des îles de la Société, dans les plaines et les vallées, est fertile, et les ruisseaux qui l’arrosent y entretiennent un degré d’humidité convenable. Il y croît donc toutes sortes de végétaux, dont la culture exige peu de soins. Cette profusion est devenue la source de ce grand luxe qu’on ne remarque pas à Tongatabou : le rocher de corail y est couvert seulement d’une couche légère de terreau qui nourrit difficilement un petit nombre d’arbres ; et à moins qu’une bonne pluie ne pénètre et ne fertilise la terre, l’arbre à pain, le plus utile de tous, ne produit point de fruits, parce que l’île manque d’eau : les naturels travaillent donc plus que les Taïtiens ; voilà pourquoi leurs plantations sont si régulières, et leurs propriétés divisées avec tant d’exactitude ; c’est pour cela aussi qu’ils attachent plus de prix à leurs provisions qu’à leurs outils, instrumens, habits, ornemens et armes, qui leur coûtent cependant plus de temps et d’application. Ils sentent avec raison que les subsistances sont leur principale richesse, et qu’ils ne suppléeraient pas aisément à cette perte. Si on remarque que leurs corps sont plus grêles et leurs muscles plus forts que ceux des Taîtiens, c’est une suite de l’usage