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furent moins complaisantes et moins furieuses.

» Quatre jours après notre débarquement, nous reçûmes sur le rivage la visite du principal chef de l’île. On nous apprit qu’il s’appelait Ko-haghi-tou fallango[1]. Je ne puis pas dire si c’était son nom ou son titre ; mais ils convinrent tous qu’il était eriki[2], ou roi. D’autres fois, en parlant de ce chef, ils le nommaient Latou-Nipourou ; nous en conclûmes que le mot latou signifie un titre, parce que Schouten et Le Maire reconnurent en 1616 qu’il avait cette signification aux îles des Cocos, des Traîtres et de Horn, situées dans ces parages, seulement à quelques degrés plus au nord. Ce qui confirme cette opinion, c’est que les vocabulaires que ces navigateurs intelligens nous ont laissés ont beaucoup de rapport avec la langue qu’on parle à Tongatabou, et qu’il existe une conformité parfaite dans le caractère et les usages de ces différens insulaires.

» Je trouvai ce roi assis avec une gravité si stupide et si sombre, dit Cook, que malgré ce qu’on m’en avait dit, je le pris pour un idiot que le peuple adorait d’après quelques idées superstitieuses. Je le saluai et je lui parlai ; mais il ne me répondit point : il ne fit pas même attention à moi, et je n’aperçus pas le moindre changement dans les traits de sa physionomie. J’allais le quitter, lorsqu’un naturel,

  1. Ko est l’article dans ces îles et à la Nouvelle-Zélande ; il répond à l’O ou l’E de Taïti.
  2. Le même mot, dans le dialecte de Taïti, se prononce eri.