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arrivée à bord, avant que l’on eût mouillé.

« J’achetai, continue Forster, plusieurs jolis perroquets, des pigeons et des tourterelles très-bien apprivoisés. Oedidi achetait de son côté, avec beaucoup d’empressement, des plumes rouges, qui, à ce qu’il nous assura, auraient une valeur extraordinaire à Taïti et aux autres îles de la Société ; elles étaient communément attachées à des tabliers de danse, ou à des diadèmes de feuilles de bananier. Il nous protesta avec un air d’extase tout-à-fait admirable que la plus petite de ces plumes, large de deux ou trois doigts, suffirait pour payer le plus gros cochon de son île.

» Pendant toute la journée, nous parcourûmes les campagnes, et nous n’arrivâmes à bord qu’au coucher du soleil : les vaisseaux étaient entourés de pirogues, et les naturels nageaient tout autour en faisant un grand bruit. Une quantité considérable de femmes jouaient dans l’eau comme des animaux amphibies : on leur persuada aisément de monter à bord toutes nues. Elles ne montrèrent pas une plus grande chasteté que les femmes du commun de Taïti et des autres îles de cet archipel. Les matelots, profitant de ces dispositions, renouvelèrent à nos yeux les scènes des temples de Cypre. Les femmes de Tongatabou se vendaient sans honte pour une chemise, un petit morceau d’étoffe ou quelques grains de verroterie. Leur lubricité cependant n’était point générale ; nous présumons que pas une