Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Les vieillards et les jeunes gens, les hommes et les femmes nous prodiguaient les plus tendres caresses : ils nous embrassaient, ils baisaient nos mains avec l’effusion la plus cordiale, et les mettaient sur leur sein en jetant sur nous des regards d’affection qui nous attendrissaient.

» Leur corps est très-bien proportionné, et le contour de leurs membres fort agréable : ils sont cependant plus musculeux que les Taïtiens, peut-être parce qu’ils font plus d’usage de leurs forces dans les travaux de l’agriculture et des arts. Leurs traits, qui ont de la douceur et de la grâce, diffèrent de ceux des Taïtiens en ce qu’ils sont plus oblongs qu’arrondis ; leur nez est aussi plus aquilin, et leurs lèvres moins grosses. En général, la taille des femmes est moindre de quelques pouces que celle des hommes ; mais elles ne sont pas aussi petites que les femmes du peuple de Taïti et des îles de la Société. De la tête à la ceinture, leur corps pourrait servir de modèle aux artistes ; leurs mains et leurs bras ont toute la délicatesse de ceux des Taïtiens ; mais elles ont, comme elles, les jambes et les pieds trop gros. Nous n’étions pas frappés de cette différence de teint et de grosseur qui nous indiquaient sur-le-champ à Taïti les personnes d’un rang élevé. Le chef qui nous vint voir à bord avait le même habillement que le peuple ; rien d’ailleurs ne le distinguait ; nous ne reconnûmes sa supériorité que par l’obéissance avec laquelle on accomplissait ses ordres.