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nœuvrer le vaisseau avec promptitude et avec précision. Le long intervalle que nous passâmes au milieu des flots, et le manque de provisions fraîches, ne furent pas moins pénibles : les hameçons et les lignes qu’on avait distribués aux équipages, avaient jusqu’alors été inutiles ; car dans ces latitudes élevées on ne trouve d’autres poissons que des baleines ; ce n’est que sous la zone torride que l’on peut pêcher, lorsque la profondeur de la mer est incommensurable.

» Le soleil se montrait très-rarement ; l’obscurité du ciel et des brumes impénétrables, qui duraient quelquefois plusieurs semaines, inspiraient la tristesse, et éteignaient la gaieté des matelots les plus joyeux.

» Mais tout changea à l’aspect de la Nouvelle-Zélande. Le temps était superbe et chaud en comparaison de ce que nous venions d’éprouver. Poussés par un léger souffle de vent, nous passions devant un grand nombre d’îles couvertes de bois ; des arbres toujours verts offraient un contraste agréable avec la teinte jaune que l’automne répand sur les campagnes. Des troupes d’oiseaux de mer animaient les côtes ; tout le pays retentissait d’une musique formée par les oiseaux des forêts. Après avoir souhaité avec tant d’empressement de voir terre, nos yeux ne pouvaient se rassasier de la contempler, et le visage de tout le monde annonçait la joie et la satisfaction.

» De superbes points de vue, des forêts anté-